La vie de chercheur dans un think tank : l’expérience de Fabien Carlet à l’IRIS

Après le Général Henri Bentégeat (ancien chef d’état-major des armées) et Dr. Renaud Bellais (conseiller des relations institutionnelles chez MBDA), c’est au tour de Fabien Carlet, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) sur les enjeux de sécurité et de défense, d’intervenir, mercredi 17 octobre 2018, à Sciences Po Saint-Germain, dans le séminaire « International Co-operation and Defence Policies » du Master « Politique de coopération internationale ».

« Comme à peu près tout le monde, ma trajectoire n’est pas linéaire »

Carlet, 26 ans, est d’abord revenu sur son parcours universitaire et son passage dans le monde professionnel : « Comme à peu près tout le monde, ma trajectoire n’est pas linéaire ».

Après une Licence d’histoire en province, il rejoint la Sorbonne (Paris 1) pour un Master recherche en relations internationales : « Passionné par l’Arctique, j’ai notamment passé six mois à Oslo, pour mes recherches. À la suite de cette expérience, je savais que je voulais poursuivre dans la recherche, mais pas fondamentale ». Carlet a ensuite eu une première expérience professionnalisante en travaillant au ministère de la Défense.

Accepté en Master 2 Affaires publiques à Paris 1, il poursuit sa formation :

« Ce fut une année difficile, mais structurante. Je ne peux que conseiller cette formation, quelque soit l’issue des résultats aux concours administratifs. Ensuite, j’ai travaillé dans le secteur privé. Ce n’était pas prévu, mais il me semblait – et je le pense toujours – qu’il est important de savoir saisir les opportunités. Cette expérience dans le domaine de la stratégie commerciale et la communication a été utile parce que complémentaire de mes expériences précédentes. J’ai beaucoup appris, moi qui n’avais pas d’appétence particulière pour la communication (sourire). Ensuite, j’ai pu rejoindre pour six mois la Représentation permanente (RP) de la France auprès du COPS (Comité politique et de sécurité) de l’Union européenne ».

Puis, il précise : « J’ai vraiment senti que je prenais de la confiance par la valorisation de l’ensemble des compétences acquises au cours de ma formation mais également de mes expériences professionnelles. ». C’est ensuite qu’il rejoint l’IRIS à l’été 2018.

De sa trajectoire, il dégage plusieurs leçons qu’il traduit en conseils pouvant s’appliquer à de futurs jeunes diplômés de Sciences Po pour entrer sur le monde du travail :

  • Être proactif : « Il faut toujours être mort de faim et curieux », précise-t-il,
  • S’adapter en permanence,
  • Renforcer des compétences transversales, tout en développant une spécialité.

IMG_20181017_143628.jpg

« Je perçois le rôle des think tanks comme une interface entre l’Université et le décideur public »

Carlet poursuit son intervention en donnant à voir son métier au quotidien : être chercheur dans un think tank sur les questions de sécurité et de défense, ça consiste en quoi ?

L’une des missions principales de Carlet est de répondre aux questions de ses interlocuteurs (aka ses « clients »), en rédigeant différents formats contenant des recommandations opérationnelles pour la décision. À son arrivée à l’IRIS, il a, par exemple, travaillé sur le contrôle des investissements étrangers en réalisant des études comparatives pluridisciplinaires. En outre, il a travaillé sur les coopérations stratégiques en matière d’armement.

« Selon moi, les think tanks sont le prolongement de deux corps : le corps administratif et le corps de la recherche fondamentale, soit à l’Université. C’est un continuum. Je perçois le rôle des think tanks comme une interface entre ces deux mondes, afin que les chercheurs et leurs productions ne restent pas en vase clos à l’Université et que les décideurs soient connectés à la réalité empirique et intègre des réflexions de temps long ».

Il précise, à ce propos, qu’il a suivi cet été, une formation d’une semaine (école d’été) en génie informatique qui lui sert quotidiennement : « Je vous encourage vraiment à suivre ce genre de formations ; souvent gratuites, elles peuvent s’avérer utiles ».

IMG_20181017_143704.jpg

« La première bataille, c’est l’accès à l’information »

« Mon travail me conduit aussi à répondre à des demandes d’entreprises précises, notamment des études prospectives : quel sera le monde dans un an ? On vous donne un montant et vous devez rédiger soixante pages sur l’état du monde. Ce genre d’exercices est stimulant parce qu’on travaille la créativité intellectuelle par la rédaction de différents scénarii. Et pour ce faire, la première bataille, c’est l’accès à l’information. Le réseau, les connexions, c’est important. Quand on peut passer un coup de fil auprès d’un contact pour obtenir quelques infos, c’est sûr, ça aide. De fait, passez du temps dans les cocktails peut s’avérer utile (sourire). Tout le monde se connaît, c’est un petit monde ».

Ensuite, Carlet évoque la coopération internationale dans son travail :

« La coopération internationale est partout. Comme je l’ai dit précédemment, la coopération internationale est un de mes objets d’étude. Mais aussi dans le cadre de mon travail, je coopère : je travaille avec d’autres think tanks dans d’autres pays. Par exemple, je peux être amené à travailler avec des homologues en France et partout en Europe, à Londres, à Berlin, etc. Quand vous coopérez, la première des qualités à développer, est l’adaptation. C’est une compétence indispensable pour coopérer ».

L’intervention de Carlet s’est poursuivie par des échanges avec les étudiants. Il a, entre autres, insisté sur la plus-value d’un bagage généraliste, sur l’importance des langues étrangères, sur le fait de ne pas sous-estimer ses expériences (« Chacune de vos expériences est une petite brique pour renforcer votre confiance en vous »), ainsi que sur l’enjeu d’être créatif dans le but de répondre à son principal objectif : « faire de la recherche utile ».

Et s’il y avait une frustration liée au travail en think tank ?

« Comme beaucoup de professionnels, je dirais le manque de temps – ce qui converge vers le témoignage de Renaud Bellais. Dans les think tanks, vos contrats sont toujours remis en jeu, donc vous êtes toujours en flux tendus. Parfois, vous avez l’impression de ne pas rentrer autant dans le détail des choses que vous le souhaiteriez. J’ajouterais qu’il ne faut pas attendre beaucoup de reconnaissance, qu’il faut se satisfaire mais jamais se contenter du travail accompli ».

 

Pour accéder aux autres témoignages du séminaire de Master « International Co-operation and Defence Policies » de l’automne 2018 :

3 commentaires

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s