[8] Faure, Samuel B. H. 2021. « Mérand, Frédéric. 2021. Un sociologue à la Commission européenne. Paris : Presses de Sciences Po ». Gouvernement et action publique. 10 (1): 113-116.
Premières lignes – Cette recension d’Un sociologue à la Commission européenne est organisée en trois parties. La première partie présente l’objet d’étude, l’approche méthodologique et conceptuelle choisie par Frédéric Mérand, ainsi que son argument explicatif et ses principaux résultats. La deuxième partie porte sur la manière dont l’ouvrage contribue à la sociologie de l’action publique européenne et la troisième soulève trois angles de discussion afin de prolonger cette recherche. Plus que l’étude d’une institution stricto sensu comme pourrait le faire croire le titre de l’ouvrage, l’auteur s’intéresse à la politisation de l’Union européenne (UE), ou pour le dire autrement, à l’Europe politique par le truchement de la Commission. Pour l’auteur, « les choses ne sont pas politiques en soi ; elles le deviennent » (p. 11). Mais alors, comment des enjeux deviennent-ils politiques ? Qu’est-ce que faire de la politique dans une organisation internationale, en l’occurrence au sein de l’UE, généralement caractérisée par sa technocratie et ses eurocrates ?
[7] Faure, Samuel B. H. 2020. « Meijer, Hugo, Wyss, Marco (dir.). 2018. The Handbook of European Defence Policies and Armed Forces. Oxford : Oxford University Press ». Les Champs de Mars. 35 (2) : 263-265.
Premières lignes – Dans ce manuel publié en 2018 aux Presses universitaires d’Oxford, Hugo Meijer (Sciences Po Paris) et Marco Wyss (Université de Lancaster) défendent l’argument selon lequel les politiques de sécurité et de défense en Europe sont caractérisées par un processus de renationalisation depuis la fin de la guerre froide (p. 1). Par conséquent, Meijer et Wyss appellent à déplacer le regard de l’étude de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) sur laquelle se concentre la littérature vers une analyse comparée des forces armées et des politiques nationales de défense (p. 2). Afin de répondre à cet « angle mort flagrant » (p. 14), les auteurs proposent donc « […] une présentation et une analyse géographiquement et thématiquement complètes de l’évolution des politiques, stratégies, doctrines, capacités et opérations militaires de sécurité et de défense nationales » (p. 4).
[6] Faure, Samuel B. H. 2020. « King, Desmond, Le Galès, Patrick (dir.). 2017. Reconfiguring European States in Crisis. Oxford : Oxford University Press ». La vie des idées.
Premières lignes – De quoi l’État est-il le nom au XXIe siècle ? Pour les un-e-s, la capacité de l’État à agir sur le monde s’est réduite comme peau de chagrin partout en Europe. Tony Blair au Royaume-Uni, Nicolas Sarkozy en France, Angela Merkel en Allemagne, etc., ont mené la même politique néolibérale en faveur du marché et des entreprises, accompagnée par les processus d’européanisation et de globalisation. Pour d’autres, l’État est, au contraire, résiliente, ayant une influence toujours majeure sur l’organisation de la société et la vie des citoyen-ne-s. Par exemple, la pandémie mondiale liée au Covid-19 lors de laquelle cette recension est écrite semble confirmer le grand retour de l’État. C’est l’État qui a confiné la moitié de la population mondiale en quelques semaines. Il ne s’agirait donc pas d’enterrer trop vite l’État qui conserve son agency par le « monopole de la violence légitime ».
[5] Faure, Samuel B. H. 2017. « Pouliot, Vincent. 2017. L’ordre hiérarchique international. Les luttes de rang dans la diplomatie multilatérale. Paris : Presses de SciencesPo. ». Revue internationale de politique comparée. 24 (4) : 415-421.
Premières lignes – Cet ouvrage apporte une contribution majeure à l’analyse sociologique des relations internationales, alors que l’usage qui est fait de la comparaison comme un dispositif méthodologique implicite amène à formuler plusieurs questions. La diplomatie multilatérale est régie par le principe d’égalité souveraine entre les États. Pourtant, les États entretiennent des rapports asymétriques au sein des organisations internationales. Le multilatéralisme n’est pas le « grand outil égalisateur » entre les États parce qu’il est « imprégné de rapports de force » (p. 21). Dans L’ordre hiérarchique international, Vincent Pouliot (Université McGill) interroge la problématique de la hiérarchie de la diplomatie multilatérale. Un ordre hiérarchique international est défini comme « l’ordonnancement des acteurs en termes de supériorité et d’infériorité selon des critères socialement valorisés » (p. 23 ; voir Towns, 2012). Cette stratication sociale des rapports de pouvoir diplomatiques est saisie à travers…
[4] Faure, Samuel B. H. 2015. « Bickerton, Christopher J. 2013. European Integration. From member States to Member States. Oxford: Oxford University Press ». Canadian Journal of Political Science. 48 (2) : 478-480.
First Lines – The European Union (UE) is an ‘unidentified political object’ in the words of Jacques Delors, ‘less than a federation, more than a regime’, in those of William Wallace (1983). How to conceptualize this persistent puzzle? For some, the EU is a ‘regulatory state’ (Majone, 1994), an ‘intergovernmental regime’ (Moravcsik, 1998), for others, a ‘multi-level governance’ (Hooghe and Marks, 2001), a ‘neo-medieval empire’ (Zielonka, 2006) and a ‘system of differentiated integration’ (Leuffen and al., 2012). Christopher J. Bickerton defines the EU as a ‘union of member states’ that is the result of the transformation of the state in Europe. The member states are at the centre of the Union and the decisions are made by…
[3] Faure, Samuel B. H. 2013. « Leuffen, Dirk, Rittberger, Berthold, Schimmelfennig, Frank. 2012. Differentiated Integration. Explaining Variation in the European Union. Basingstoke: Palgrave Macmillan ». Revue française de science politique. 63 (3-4) : 704-706.
Premières lignes – L’Union européenne n’est ni un État, ni une organisation internationale (OI). Elle est « moins qu’une fédération, plus qu’un régime ». Ces caractérisations par la négative de l’ordre politique (polity) européen ne sont pas considérés comme erronées par Dirk Leuffen, Berthold Rittberger et Frank Schimmelfennig. Toutefois, ils les estiment insuffisantes pour dire ce qu’est l’UE et expliquer les « Abweichungstrecht » ou variations politiques constatées en son sein. L’UE est conceptualisée comme un « système d’intégration différenciée » c’est-à-dire comme une « Europe avec un noyau organisationnel et d’États membres mais avec un niveau de centralisation (« l’intégration verticale ») et d’extension territoriale (« l’intégration horizontale ») qui varient par fonction » (p. 10). La modélisation du polity-building passe par l’analyse du policy-making dans…
[2] Faure, Samuel. 2012. « Favell, Adrian, Guiraudon, Virginie (dir.). 2011. Sociology of the European Union. Palgrave Macmillan ». Critique Internationale. 54 (1) : 199-202.
Première lignes – Fruit d’un travail collectif commencé il y a une dizaine d’années, Sociology of the European Union s’ouvre sur une critique de la littérature consacrée à l’Union européenne (UE) et dominée par le courant néo-institutionnaliste (Hall, Taylor, Meyer, DiMaggio, Powell), dont les analyses portent presque exclusivement sur l’influence des structures institutionnelles et bureaucratiques sur les comportements individuels. Adrian Favell et Virginie Guiraudon estiment que cette démarche, excessivement macro, n’a pas pris suffisamment en compte les agents européens qui composent ces structures. Qui sont-ils ? Comment prennent-ils leurs décisions ? Quel sens donnent-ils à leurs actions ? Pour caractériser l’approche néo-institutionnaliste, A.Favell et V.Guiraudon évoquent une « vision stratosphérique de l’UE », Michael Smith parle d’une « vue trop aérienne » et Neil Fligstein compare les études européennes à…
[1] Faure, Samuel. 2011. « Irondelle, Bastien. 2011. La réforme des armées en France. Sociologie de la décision. Paris : Presses de Sciences Po ». Politique étrangère. 4 : 924-925.
Premières lignes – Résultat d’un travail de recherche approfondi, initié en doctorat il y a une dizaine d’années, La réforme des armées en France est appelée à devenir un classique en études stratégiques par sa cohérence théorique et sa rigeur empirique. Dans cet ouvrage, Bastien Irondelle s’intéresse à la principale réforme de la politique française de défense dans les années 1990, dont il vise l’explication : la réforme des armées de 1996. La France décide de mettre fin au service militaire obligatoire. La conscription laisse place à l’armée de métier, c’est-à-dire à la professionnalisation des armées. Mais qui en a décidé ainsi, et pourquoi ce choix public a-t-il été préféré à d’autres ? Comment un « changement aussi radical » a-t-il pu se produire dans un domaine – la défense – caractérisé par la continuité, la routine et la tradition ? Allant à rebours de l’idée selon laquelle la politique de défense ne peut être réformée, défendue…