Kann die deutsch-französische Zusammenarbeit in der Rüstungsindustrie gelingen?

Cliquez ici pour avoir la réponse à cette question. Si comme moi, vous ne savez malheureusement pas lire l’allemand, veuillez trouver ci-dessous une version en français.

La coopération franco-allemande dans le domaine de l’industrie de l’armement peut-elle réussir ?

Oui la coopération franco-allemande dans le domaine de l’industrie de l’armement peut (continuer à[1]) réussir dans les années 2020 si trois conditions – politique, industrielle et bureaucratique – sont rassemblées.

La première condition est politique dans un contexte où les élections nationales vont se succéder en Allemagne à l’automne 2021 puis en France au printemps 2022. En France, les sondages donnent le même duel politique que lors de la précédente élection de 2017, opposant le président de la République, le libéral Emmanuel Macron à la présidente du Rassemblant national, la néo-nationaliste Marine Le Pen. La réélection d’Emmanuel Macron signifierait la poursuite d’un investissement politique fort dans la coopération franco-allemande. Pour Macron, le partenariat avec Berlin est le pilier politique indispensable pour mettre en œuvre son projet de « Renaissance européenne » au-delà même des enjeux industriels et militaires. En revanche, si Marine Le Pen est élue présidente de la République alors il faut s’attendre à ce que la France se désengage fortement de sa relation avec Berlin pour privilégier des relations bilatérales avec Londres et Washington, comme elle l’a indiqué lors d’un entretien récent. L’élection d’un autre candidat d’extrême droite, comme l’éditorialiste Éric Zemmour, conduirait au même résultat.

La deuxième condition de réussite est à chercher du côté de l’industrie de la défense. Il est probable qu’un programme d’armement en coopération aboutisse si le maître d’œuvre n’est pas confié à plusieurs entreprises nationales mais à un groupe industriel européen. Le programme d’avion de transport militaire européen A400M – utilisé ces dernières semaines pour évacuer des civils d’Afghanistan – aurait échoué si l’Allemagne et la France n’avaient pas travaillé concomitamment à la création d’une entreprise transnationale EADS devenue Airbus, qui en a eu la charge industrielle. L’intégration franco-allemande de l’industrie terrestre demeure insuffisante malgré la création de KNDS en 2015 et la décision prise en décembre 2020 de n’avoir qu’un seul directeur général (l’Allemand Frank Haun) et un président unique du conseil d’administration (le Français Philippe Petitcolin). Accélérer et renforcer l’intégration de KNDS permettrait de réduire le risque de conflits entre industriels nationaux, comme on l’a observé encore récemment entre Airbus et Dassault Aviation lors des négociations autour du SCAF, et renforcerait les chances de succès du char d’assaut du futur (MGCS).

La troisième condition est de nature bureaucratique et représente un angle mort dans le débat public. Or, un demi-siècle de science politique nous a appris que l’action publique ne résulte pas seulement de la « volonté politique » et de l’effet du « lobby industriel » mais aussi du rôle de la technocratie d’État qui peut ralentir ou accélérer l’élaboration et la mise en œuvre de projets bilatéraux. En effet, les fonctionnaires civils et les militaires qui travaillent au sein des ministères de la Défense ont un rôle clef dans le suivi des projets liés à l’armement dans la mesure où leur statut leur assure une permanence dans le temps qui dépasse un mandat politique de quelques années. Par conséquent, les différences persistantes de culture administrative entre l’Allemagne et la France peuvent produire des incompréhensions et freiner les négociations bilatérales qui s’étirent sur des décennies. Trouver des rapprochements bureaucratiques en termes de formation, d’organisation et de fonctionnement des administrations allemande et française, favoriserait une compréhension partagée des enjeux industriels et stratégiques. Ces trois conditions ne garantiraient pas mais favoriseraient la coopération franco-allemande dans le domaine de l’industrie de l’armement, vecteur d’une autonomie stratégique renforcée.


[1] Des projets qui n’étaient a priori pas gagnés ont pourtant abouti : le programme d’hélicoptères Tigre dans les années 1990, la création de l’entreprise EADS puis Airbus dans les années 2000, les négociations en cours sur l’Eurodrone (RPAS), le MGCS ou le SCAF. Ce dernier a obtenu, le 31 août 2021, un budget de plus de 8 milliards d’euros pour développer un démonstrateur.

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