[22] Faure, Samuel B. H., 2025, Le réarmement des États contre l’Europe. Ce que l’Union européenne a fait de la guerre en Ukraine (2022-2025), Hérodote, 199 (4), 11-28.
Premières lignes – Depuis le début de la guerre en Ukraine, on ne compte plus les déclarations des chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne (UE) qui ont exhorté à un « réveil stratégique de l’Europe » [Kahn, 2024]. Le réarmement de l’Europe a ainsi été mis à l’agenda européen comme une priorité politique afin de pallier le manque de capacités militaro-industrielles européennes. Il s’agit d’une condition identifiée comme nécessaire pour assurer la sécurité collective du continent face à la Russie de Vladimir Poutine et pour soutenir militairement l’Ukraine, ce que les institutions de l’UE ont qualifié de « European Readiness ». De Conseil européen en Conseil européen, des décisions ont été prises de 2022 à 2025 pour accélérer la production d'équipements militaires tels que des munitions et des missiles. La Commission européenne a proposé plus d'initiatives réglementaires en trois ans (ASAP, EDIRPA, EDIS, EDIP, Livre blanc, Plan "ReArm Europe" y compris SAFE, Omnibus) que lors des quinze années précédentes.
[21] Faure, Samuel B. H., 2024, Réarmer l’Europe ? Ce que la guerre en Ukraine n’a pas changé, Esprit, 3, 172-178.
Premières lignes – Depuis le 24 février 2022, la guerre en Ukraine aurait fait près de 200 000 morts dont 120 000 Russes et 70 000 Ukrainiens : il s’agit de la guerre la plus meurtrière que le continent ait connu depuis 1945. Les responsables politiques nationaux dont Emmanuel Macron et Olaf Scholz, et européens tels que Ursula von der Leyen, Charles Michel et Josep Borrell, n’ont eu de cesse d’insister sur les changements qu’ils ont impulsés depuis lors, afin de réarmer l’Europe et ainsi de se défendre contre la Russie de Vladimir Poutine. L’Europe s’est-elle faite, une fois encore, « dans les crises » selon le mot de Jean Monnet ? Comment la guerre en Ukraine a-t-elle transformé les politiques d’armement et l’industrie de la défense en Europe ? L’Union européenne (UE) et ses États membres sont parvenues, de façon assez inattendue, à construire puis à conserver jusqu’aujourd’hui, une unité politique pour faire face à la Russie et soutenir l’Ukraine. Pour autant, la guerre en Ukraine n’a pas remis en question la distribution des ressources budgétaires et les règles du jeu institutionnel qui ordonnent le système politique et industriel européen dans le secteur de la défense.
[20] Faure, Samuel B. H., 2023, “L’usage d’une crise pour légitimer un État en crise. Ce que les acteurs britanniques de l’armement ont fait du Brexit” dans Avril, Lola, Faure, Samuel B. H. et Lebrou, Vincent (dir.), « C’est la crise ». Contribution à une sociologie politique de l’action publique européenne, Bruxelles, Peter Lang, 185-214.
Chapter first lines - Le temps est lourd et ensoleillé, le 16 juillet 2018, quand le Secrétaire d’État à la Défense britannique, Gavin Williamson, convoque la presse et les représentants des pays alliés du Royaume-Uni, lors du salon international de l’aéronautique de Farnborough. Dans un hangar sombre et climatisé, il s’avance au pupitre placé devant un large rideau blanc. À ses côtés, deux hommes, Charles Woodburn, le PDG de BAe Systems, entreprise britannique et leader européen de l’industrie de la défense, et Sir Stephen Hillier qui commande la Royal Air Force (RAF). Il prononce un discours de quelques minutes rappelant la grandeur de la RAF qui fête son centenaire et énumérant les nouvelles menaces auxquelles le Royaume-Uni est confronté. Puis, le rideau s’ouvre sur une musique d’apparat, dévoilant le prototype de l’avion de combat du futur Tempest. Les représentants étatiques et industriels venus de toute l’Europe sont désarçonnés par cette annonce inattendue. Conduisant déjà ma recherche postdoctorale sur la politique britannique d’armement et plus précisément sur l’acquisition de drones militaires par l’État britannique (Faure, 2019b), je décide de m’intéresser à ce qui est perçu par les acteurs de l’armement comme un évènement dans ce même secteur industriel de l’aéronautique militaire.
[19] Faure, Samuel B. H., 2022, “Policy styles in Germany, France, and the UK” in Graziano, Paolo and Tosun, Jale (eds.), Elgar Encyclopaedia of European Union Public Policy, London, Edward Elgar, 327-336.
Chapter first lines - Forty years ago, Richardson and his colleagues (1982) observed that Germany, France and the United Kingdom (UK) responded in different ways to similar public problems. The three largest European states were not characterized by the same ‘policy style’ defined as ‘a set of political and administrative routines and behaviors heavily influenced by the rules and structures of the civil service and political system within which it is located’ (Howlett & Tosun, 2018, p. 10). Indeed, it is generally accepted by European public policy scholars that Germany, France and the UK refer to dissimilar cases differing, among other things, in their social model (Esping-Andersen, 1990) and the way they regulate capitalism (Katzenstein, 1978; Hall & Soskice, 2001; Ansaloni & Smith, 2018). However, these three European states are also seen as similar cases when compared to states in other parts of the world that are partly non-democratic, de facto reinforcing the puzzle of their different policy styles (Howlett & Tosun, 2019). The question is therefore how the German, French and British states craft and legitimize their public policies in the 21st century. Do their national modi operandi corresponding to ‘standard operating procedures’ (Richardson, 2019, p. 621), remain divergent to deal with climate change, obesity, food sovereignty or terrorist attacks? Or are they converging towards a similar policy-making model with common characteristics under the impact of European integration and globalization?
[18] Faure, Samuel B. H., 2021, Defeating the Austerians of the warfare state. French arms policy through the lens of the Programmatic Action Framework, European Policy Analysis, 7 (1), 96-119.
Abstract – This article contributes to the development of the Programmatic Action Framework (PAF) based on the case study of the procurement of the French Rafale fighter jet rather than the American F-18 by the French government in the 1980s. This decision-making dilemma is explained by revealing the competition between two “programmatic cliques.” The “sovereignist” programmatic clique that defends the French option embodies the Custodians of the nation-state. The “liberal” programmatic clique that supports the American alternative represents the Austerians of the nation-state. The defeat of the Austerians of the French nation warfare state is explained by the ties weakness available to the liberal programmatic clique at the political level of decision making. To this end, 89 semi-structured interviews were conducted with the political-military and industrial arms actors.
[17] Faure, Samuel B. H., 2021, Anatomie du flexilatéralisme : la politique française d’armement par ses alliances, Revue défense nationale, Tribune n°1321.
Résumé – Comment la France gouverne-t-elle la politique d’armement afin de répondre aux besoins capacitaires et technologiques des forces armées ? Comment l’État parvient-il à résoudre le dilemme du maintien de la souveraineté nationale tout en prenant part à des alliances interétatiques pour produire des avions de combat, des chars d’assaut, des frégates ou des missiles ? Je réponds à cette question en mobilisant le concept de « flexilatéralisme », présentant, d’abord, d’où provient cette pratique politique, puis en détaillant ses éléments constitutifs.
[16] Chopin, Thierry and Faure, Samuel B. H., 2021, 2022 Presidential Election: A Euroclash Between a “Liberal” and a “Neo-Nationalist” France Is Coming, Intereconomics – Review of European Economic Policy, 56 (2), 75-81.
First Lines – How could the 2022 French presidential election impact the dynamics of European integration? Generally speaking, there is an increasingly strong link between national elections and domestic politics on the one hand and European issues on the other (Bulmer and Lequesne, 2020). From the point of view of the national context in France, the presidential political system gives major importance to this election because the most strategic decisions with European partners are still made by the president – all the more so in a context of crises that reinforce the role of the European Council (Wessels, 2015). The EU has been marked since the beginning of the 21st century by a “polycrisis” (Juncker, 2016) that has strengthened the institutional position of the European Council (Bickerton et al., 2015). Moreover, the current COVID-19 crisis poses a number of challenges to the citizens of EU member states that have a clear European dimension, such as economic recovery, energy transition, defence policy, etc.
[15] Faure, Samuel B. H., 2020, Une idée incertaine de l’Europe. Comprendre les ambiguïtés stratégiques d’Emmanuel Macron, Les Champs de Mars, 34 (1), 149-168.
Résumé - Cet article dresse un bilan de l’action du président de la République quatre ans après son élection en 2017. Les initiatives prises par Emmanuel Macron sont caractérisées par certaines ambiguïtés stratégiques résultant d’un double programme d’action publique militaire. En héritier de la Ve République, le chef de l’État défend une « certaine idée » de la France, en soutenant un programme « souverainiste ». En entrepreneur de l’Europe, il investit une stratégie d’alliances intergouvernementale « et en même temps » supranationale par un programme « libéral », révélant son « idée incertaine » de l’Europe.
[14] Faure, Samuel B. H., 2020, Quand le souverainisme l’emporte. Approche programmatique du capitalisme français de la défense, Gouvernement et action publique, 9 (3), 31-57.
Résumé - Cet article explique la structuration du capitalisme français de la défense, à partir de l’étude de l’acquisition par l’État de l’avion de combat Rafale marine en 1988. Ce débouché décisionnel s’explique par la victoire de l’« association souverainiste » sur l’« association libérale » conditionnée par des relations interpersonnelles plus denses à l’échelon politique. L’association souverainiste regroupe des élites civiles et militaires hétérogènes autour d’un programme d’action publique consistant à défendre le territoire national pour produire un avion militaire, plutôt que de réduire les coûts budgétaires en l’important des États-Unis. S’appuyant sur 89 entretiens semi-directifs, le capitalisme français de la défense est analysé à partir de l’approche programmatique qui s’inscrit en sociologie de l’action publique.
[13] Faure, Samuel B. H., 2020, Avec ou sans l'Europe. Le dilemme de la politique française d'armement, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, 211 pages.
Résumé – Avions de combat, missiles, drones militaires, hélicoptères d’attaque, chars d’assaut, navires de guerre, etc. Pourquoi la France s’arme-t-elle parfois avec l’Europe par des coopérations et parfois sans l’Europe par des programmes « Made in France » ou des importations des États-Unis ? Grâce à la conduite de plus de 150 entretiens, ce livre offre une plongée inédite dans la politique française d’acquisition de technologies militaires par laquelle l’État peut assurer la défense du territoire national et de mener des opérations extérieures. L’auteur suit les ministres de la Défense, les chefs militaires, les ingénieurs de l’armement et les capitaines d’industrie aux manettes de ces décisions qui se comptent en dizaines de milliards d’euros et qui engagent l’État pour des décennies. Plus qu’une collusion de la classe dominante, voire un complot du complexe militaro-industriel, ce livre révèle les configurations évolutives des rapports de pouvoir. C’est l’histoire du clash des élites de l’armement. Plus d'informations sur cette page.
[12] Faure, Samuel B. H., 2020, “French military strategy under Macron” in Johnson, Rob, and Matlary, Janne Haaland (eds.), Military Strategy in the 21st Century. The Challenge for NATO, London, Hurst, 369-382.
Abstract - Faure’s chapter sets out France’s military strategy under Macron which is not confined either to NATO doctrine or to Europe’s collective defence. In line with his predecessors, Macron has championed a deterrence strategy and a military alliance strategy. The deterrence strategy is rendered credible by the possession of nuclear weapons. France also benefits from having the world’s fifth largest defence budget – bigger than those of Russia, the United Kingdom, and Germany – and a presidential system of government that allows the head of state to decide rapidly to use force if the strategic situation demands it. This deterrence strategy is combined with a military alliance strategy that is based on two pillars: NATO and European strategic autonomy. NATO is seen by Macron as militarily useful to safeguard Europe’s collective security vis-à-vis Russia, thanks to the interoperability of the armed forces. However, NATO is also considered ill-suited to combating the threat of terrorism, which is, moreover, growing as the United States realigns its strategic priorities towards Asia. The French head of state is using this political background to champion the goal of European strategic autonomy, which is presented as complementing NATO. To attain this goal, Macron supports both initiatives within the European Union (PESCO, EDF, and the Directorate-General for Internal Market) and outside it (EI2), as well as bilateral strategic relations, especially with Germany and Russia. The initiatives taken by Macron to further European strategic autonomy and a strategic dialogue with Russia have met with scepticism and mistrust in Europe, because France’s European allies see them as a destabilising factor for collective security. In the 21st century, as in the 20th, France remains a challenge for NATO – and vice versa.
[11] Faure, Samuel B. H., 2020, Quitter la défense européenne. Le choix de la France pour l’avion de combat Rafale, Politique européenne, 67 (1), 84-115.
Résumé – Cet article interroge la dynamique d’intégration différenciée de la défense européenne à partir de la décision historique de la France de quitter les négociations portant sur la construction d’un avion de combat européen pour préférer l’acquisition de l’avion Rafale « Made in France ». Le choix de la France pour le Rafale ne s’explique pas seulement par le travail de lobbying de Dassault Aviation et de la Snecma, comme l’affirment les arguments, libéral et néo-institutionnaliste, mais aussi par l’effet des acteurs étatiques. Cette recherche a nécessité la conduite de 89 entretiens semi-directifs auprès des élites françaises de l’armement et s’inscrit dans le développement d’une approche sociohistorique de la politique européenne par l’opérationnalisation du concept éliassien de « configuration ».
[10] Faure, Samuel B. H., 2019, The Choice for a Minilateral Europe: A Historical Sociology of Defence-Industrial Capitalism, European Review of International Studies, 6 (2), 92-114.
Abstract – In order to acquire a new military transport aircraft in the 2000s, why did France decide to choose European minilateralism (A400M) rather than the alternative of Franco- American bilateralism (C-17 and C-130)? A “configurational” argument with regard to this decision is developed, using an approach that looks at the historical sociology of a political economy in arms procurement in Europe, derived from the work of Norbert Elias. This argument explains France’s choice of a minilateral Europe as resulting from the effect of social interdependence that is conceptualised by the notion of “configuration”. Establishing the positions adopted by French state and industrial actors required two years of fieldwork (2012 –2014). A total of 105 semi-structured interviews were conducted with French actors (political, military, administrative, and industrial) who took part in the negotiations from the mid-1970 to the early 2000s. Beyond presenting this data, this article contributes to the development of international political sociology by making the concept of configuration operational.
[9] Faure, Samuel B. H., 2019, "Franco-British Defence Co-operation in the Context of Brexit" in Johnson, Rob and Matlary, Janne Haaland (eds.), The United Kingdom’s Defence After Brexit. Britain’s Alliances, Coalitions, and Partnerships, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 103-125.
Chapter first line - Our goal of seeking closer co-operation with Germany as well as with those European countries that have the capacity and will to move forward, while also maintaining a solid bilateral relationship with the UK, should allow significant progress to be made'. Thus writes Florence Parly, the French minister for the armed forces, in the preface to the 'Revue stratégique' (strategic review) drawn up at the request of France's president, Emmanuel Macron, and published in October 2017. These words embody the head of state's political philosophy, influenced by the French philosopher Paul Ricoeur, whose research assistant he once was. It can be summed by the formula "et en même temps" ("and at the same time"), which occurred frequently in his speeches. Implementing France's defence policy requires co-operation with the United Kingdom (UK) and at the same time with Germany - co-operation that is on a bilateral, and at the same time minilateral and at the same time multilateral levels. ...
[8] Faure, Samuel B. H., 2019, L’ambivalence de la politique d’armement britannique vis-à-vis de l’Europe, Les Études du CERI, 244, 38p.
Résumé – Publiée dans le contexte du Brexit, cette étude analyse la politique d’armement du Royaume-Uni pour éclairer le « double rapport » du Royaume-Uni à l’Europe : être in en prenant part à des coopérations avec d’autres Etats européens, être out en restant éloigné, voire en quittant des programmes multilatéraux en Europe. À partir de données exclusives, elle montre que la participation britannique au programme d’avion de transport militaire A400M résulte d’une stratégie portée par un assemblage d’acteurs politiques, administratifs et industriels qui, percevant l’A400M comme un « camion » plutôt que comme une « voiture de course », utilisent le cadre de coopération européenne pour maintenir le rang de l’industrie de la défense britannique. Quant à la décision de ne pas participer au programme EuroMale, elle découle d’un affaiblissement de la volonté des acteurs politiques et, concomitamment, d’un renforcement des relations conflictuelles entre les administrations et les industries françaises et britanniques. Ce faisant, cette recherche contribue à la littérature sur l’acquisition d’armements par des partenariats internationaux en études stratégiques, et à celle sur l’intégration différenciée en études européennes.
[7] Faure, Samuel B. H., 2019, Varieties of international co-operation: France’s ‘flexilateral’ policy in the context of Brexit, French Politics, 17 (1), 1-25.
Abstract – The aim of this article is to articulate conceptually the varieties of international co-operation in which states take part. In theories of international relations, international co-operation is generally analysed either through instances of multilateral collaboration (EU, UN, NATO), through bilateral alliances (Franco-German relationship), or through “minilateral” clubs (G7). Yet the literature does not offer a concept for linking these three models of international co-operation. Nevertheless, in practice, states simultaneously use varieties of international co-operation to address global public problems such as climate change, migration crises, and the fight against terrorism. To address this shortcoming, it is necessary to shift the focus from each type of international co-operation to their “interstices”, in order to identify the relations between the types of international co-operation and their reciprocal effects on decisions taken by the state. It is to do this that the concept of “flexilateralism” has been developed. This neologism describes the policy through which a state simultaneously implements varieties of international co–operation to address a public problem. A state’s “flexilateral” policy, or flexilateralism, is operationalised by revealing four varieties of international co-operation: bilateralism (co-operation between two states), minilateralism (co-operation within an exclusive group of states), multilateralism (co-operation within an inclusive group of states), and unilateralism (no co-operation). The concept of flexilateralism is applied through the case of France’s defence procurement policy in the context of the Brexit negotiations. By taking seriously varieties of international co-operation, the concept of flexilateralism goes a step further to explain the policy-making and implementation of state’s foreign policy.
[6] Faure, Samuel B. H., 2018, La politique du « flexilatéralisme » : le cas de la politique française d’armement dans le contexte du Brexit, Les Champs de Mars, 30 (1), 73-101.
Résumé – Quels sont les types de coopération internationale utilisés par l’État pour acquérir des armements et comment les articuler conceptuellement ? Cet article développe le concept du « flexilatéralisme ». Ce néologisme définit la politique par laquelle un État mobilise simultanément différents types de coopération internationale pour répondre à un problème public comme l’acquisition d’armements. La politique du flexilatéralisme ou « flexilatérale » d’un État est opérationnalisée en révélant les différents types de coopération internationale qui le constituent et qui sont qualifiés des « variétés de l’internationalisme ». Les variétés de l’internationalisme se situent à deux échelles, européenne et transatlantique, et prennent quatre formes : l’unilatéralisme (pas de coopération), le bilatéralisme (coopération entre deux États), le minilatéralisme (coopération entre un groupe d’États exclusif) et le multilatéralisme (coopération entre un groupe d’États inclusif). Au-delà de la littérature ayant trait à la politique d’armement en Europe, le concept du flexilatéralisme contribue, sous l’angle des relations internationales, à celles portant sur l’intégration différenciée et la désintégration de l’UE d’une part, et à celles ayant trait aux variétés du militarisme libéral et du capitalisme industriel de la défense d’autre part. Le concept du flexilatéralisme est illustré par l’élaboration de la politique d’armement de la France, dans le contexte des négociations sur le Brexit.
[5] Béraud-Sudreau, Lucie, Faure, Samuel B. H. et Sladeczek, Michael, 2015, Réguler le commerce des armes par le Parlement et l’opinion publique. Comparaison du contrôle des exportations d’armement en Allemagne, France, Royaume-Uni et Suède, Politique européenne, 48 (2), 82-121.
Résumé – En cherchant à expliquer pourquoi les exportations d’armement sont fortement régulées par certains États européens et plus faiblement par d’autres cet article défend l’idée d’une absence d’européanisation du contrôle des exportations d’armement, et que ni la relation Etat-industrie ni l’implication des acteurs exécutifs n’expliquent ces variations. Deux hypothèses alternatives sont proposées : la position du Parlement dans le processus de décision du contrôle des ventes d’armes et la saillance de l’enjeu des ventes d’armes auprès de l’opinion publique.
[4] Faure, Samuel B. H., Hoeffler, Catherine, 2015, L’ « européanisation sans l’Union européenne » ? Penser le changement des politiques militaires, Politique européenne, 48 (2), 8-27.
Premières lignes – L’une des conséquences de la spécialisation du travail scientifique (Elias, 1991 ; Hall, 2007 ; Bickerton, 2012 ; Lahire, 2012) est le développement d’un jargon propre à un domaine d’études qui est difficilement intelligible par tout un chacun. Les études européennes n’échappent pas à cet écueil. « Intégration européenne », « européanisation », « UEisation », « institutionnalisation européenne », « bruxellisation » : un ensemble de concepts a été développé dans le but d’objectiver les développements politiques de l’Europe, incluant les dynamiques verticales d’intégration et les dynamiques horizontales entre pays européens. Il n’est pas évident de les distinguer en raison des définitions approximatives ou mouvantes, des usages différents d’un même concept ou du même usage de plusieurs concepts. …
[3] Faure, Samuel B. H. et Hoeffler, Catherine (dir.), 2015, Les politiques militaires en Europe. L’héritage de Bastien Irondelle, Politique européenne, 48 (2), 229 pages.
Premières lignes – Ce numéro spécial rend un hommage scientifique à Bastien Irondelle (1973-2013), étudiant puis doctorant, post-doctorant, chercheur et professeur à Sciences Po Paris et au Centre de recherches internationales (CERI). Interrogeant l’effet de l’Europe sur la politique militaire française, B. Irondelle (2003) apporte une contribution fondamentale aux études européennes par sa thèse majeure de l’« européanisation sans l’Union européenne ». Il démontre que l’européanisation n’est...
[2] Faure, Samuel B. H., 2015, La coopération internationale dans le secteur de l’armement. Apports et critiques de la littérature à la lumière du cas français, Questions de recherche, 46, 45p.
Résumé – Cet article porte sur le dilemme décisionnel de la politique d’acquisition d’armements. Pourquoi un Etat décide-t-il parfois de coopérer à l’international avec d’autres Etats et leurs industries de défense, pour acheter des biens militaires tels que des avions de combat, des chars d’assaut ou des navires de guerre, et pourquoi décide-t-il parfois de ne pas coopérer en privilégiant l’autarcie ? Pour répondre à cette « question de recherche », cet article rassemble, sous la forme d’une revue de la littérature, l’ensemble des contributions en science politique (soit près de cent références) qui visent à expliquer cette variation décisionnelle. L’objectif est de cartographier l’ensemble des modèles explicatifs de ce dilemme en testant leurs propositions théorique et méthodologique sur le cas de la France, pour identifier leurs principaux apports ainsi que leurs limites.
[1] Faure, Samuel, 2012, Coopérer comme politique d’armement en Europe, Les Champs de Mars, 24 (2), 114-122.
Premières lignes – Originaire de Heidelberg, formé à l’université de Cornell par Peter Katzenstein, Ulrich Krotz est maître de conférences à l’université de Brown. Dans Flying Tiger, Krotz étudie le développement et la production, par l’Allemagne et la France dans le cadre d’une coopération bilétarale : d’un hélicoptère de combat : le Tigre. Le Tigre est un hélicoptère de deuxième génération, c’est-à-dire technologiquement avancé (vol de nuit, misiles de troisième génération). L’agent 007 y avait recourt dans Goldeneye (1995). Il s’agissait alors d’un prototype. La première série de Tigre est livrée à l’Allemagne et à la France en 2005. En 2009, trois Tigre « français » réalisent leur première mission militaire en Afghanistan. Ce programme d’armement aurait coûté près de 7,5 milliards d’euros (Krotz, 2011). L’objectif de cette recherche est de comprendre les raisons qui ont conduit l’Allemagne et la France à coopérer. Krotz vise à…